le redoublement

Bonsoir,

Comme convenu je vous retrouve sur le forum!
Pour lancer le débat j'aimerai connaitre votre opinion sur le redoublement. Selon vous, est-il une solution pour les élèves n’ayant pas acquis les éléments du socle au cours de l’année ? Peut-être avez-vous été au cours de votre scolarité concerné par le redoublement ? Si oui, a-t-il été bénéfique ou au contraire ne vous a servi à rien ? Des témoignages ?

Bonsoir à tous,

Alors je suis assez partagée sur le sujet...

D'un côté, oui le redoublement peut être utile, car les élèves ayant de grosses difficultés ont la chance de pouvoir recommencer une année (oui même si ce n'est pas perçu tel quel, le redoublement est une chance).

De l'autre, la décision du redoublement est très aléatoire selon moi. J'ai travaillé dans deux collèges différents, et je vois bien qu'on ne donne pas cette chance à tous les élèves, du moins pas toujours aux bons... En effet, j'ai déjà vu des élèves motivés, qui auraient pu redoubler pour faire mieux mais qui sont finalement passés en classe supérieure ; et à l'inverse j'ai vu des élèves redoubler, mais qui ne faisaient rien de plus si ce n'est moins qu'auparavant...  

Explication ???  

Je voudrais donc rebondir sur une question : sur quoi se base-t-on pour déterminer si tel ou tel élève doit redoubler ? Y a-t-il une question de "quota" ?

Oui, il est vrai que la question du redoublement est très complexe! Il peut être bénéfique pour des élèves motivés ou bien à l'inverse il peut démotiver certains élèves qui prennent le redoublement comme une punition.

De plus, comme tu l'as dit la décision du redoublement est très aléatoire. Mon document 3 révèle la partie injuste puisque "les critères utilisés pour décider d’un redoublement ne sont pas normalisés et diffèrent non seulement entre les régions, villes et établissements scolaires, mais aussi parfois entre les classes d’un même établissement. Ce manque d’harmonisation crée une injustice dans le processus de décision de redoublement.»

Pour le redoublement, les professeurs regardent le nombre d'acquis de l'élève, ses notes ( par rapport au niveau de la classe) , son comportement.
Comme tu le vois, les critères sont assez vagues! Par contre, pour répondre à ta question je n'ai pas trouver au cours de mes recherches la notion de "quota "concernant le redoublement.

Ajouter au fait que les critères de redoublement diffèrent d'un établissement à l'autre, que pensez-vous de l’étude PISA menée en 2000 qui démontre que les pays à forts taux de redoublement affichent de moins bonnes performances ? (doc 3 et 4)

Pour répondre à Mathilde V, je pense qu'il y a un aspect du redoublement peu abordé, mais important : c'est son effet sur les profs. Quand un élève est faible, que les enseignants pensent qu'il n'a pas le niveau, et savent qu'il y a la possibilité du redoublement, on se tourne alors facilement vers cette solution. Imaginez le redoublement INTERDIT : on est obligé d'innover ! on pousse, on personnalise, on met une seconde en 2 ans pour les plus faibles, que sais-je. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles les pays où il n'y a pas de redoublement ont une meilleure note PISA.

Je suis de ton avis Emmanuelle, je pense que la suppression ou du moins un recours moins fréquent au redoublement, obligerait les professeurs à innover auprès des élèves en difficultés! ( Attention, je ne dis pas là que les prof ne font rien auprès des personnes en difficultés)
Certains se sont penchés sur les alternatives possibles au redoublement( doc 6) :
-Une vraie politique des cycles, L’idée de progression annuelle uniforme doit être combattue. Déjà se donner par exemple trois ans pour atteindre un objectif est plus efficace que de vouloir fixer des normes sur une année.
-La mise en place du socle commun et d’une approche par compétences. Avec surtout des dispositifs permettant de retravailler les compétences non validées ou fragiles.

bonjour a tous,
j'aimerai vous faire part d'une anecdote que j'ai entendu lors de mon stage. une élève de 3eme travaillait peu et s'en sortait tout juste avec la moyenne, son projet était d'aller en CAP petite enfance mais comme ces parents voulaient "un meilleur avenir" pour elle ils ont décidé de la faire redoubler en forçant le conseil de classe en faisant appel, pour qu'elle puisse intégrer un lycée "classique" et passer un bac ES. Résultat la jeune fille travaille encore moins cette année et a 7 de moyenne tout ca pour ne pas être accepté par le lycée...
qu'en pensez vous ?

Carole
Selon moi, dans ton témoignage les professeurs et les parents n'ont pas pris en compte le projet de la jeune élève. Comme dit plus haut, le redoublement est efficace si et seulement si l'élève est motivé! Ici, la jeune fille s'est probablement senti peu concerné par le redoublement dont l'objectif final était le passage dans un lycée général. Elle n'a alors pas émis le besoin de travailler.
Le redoublement ici n'a pas été bénéfique.
Conclusion:Je pense qu'il est important de veiller à l'épanouissement des enfants dans leur projet!

Dans mon document numéro 5 ( graphique), on constate que le redoublement touche particulièrement les enfants appartenant aux couches sociales les plus modestes comme les ouvriers, les employés, les inactifs. Tandis que les enfants de cadres supérieurs ou d'enseignants sont relativement épargnés.
Sachant que les redoublants sont très souvent orientés vers des classes technologiques, le redoublement n'est il pas un facteur d'inégalité sociale ? et finalement ne conduit il pas à la fameuse panne de l'ascenseur social ?
J'aimerai connaitre votre avis !
A vos claviers !

Bonjour,

Je ne pense pas qu’il y ait forcément un lien entre direct entre inégalité sociale et redoublement.  
Je pense plutôt, comme tu as pu l’expliquer dans tes messages précédents qu’il y a un lien avec la motivation. Personnellement, j’ai redoublé ma classe de 3e, je pense que ce redoublement m’a servi pour arriver plus mature au lycée. Sur le coup, lorsque j’ai appris que je redoublais, j’ai été déçu, mais différents professeurs ont su m’expliquer comment mon redoublement pouvait m’être bénéfique. Au final, je n’ai pas forcément eu de meilleures notes lors de ma deuxième année, mais je suis arrivé plus serein, notamment à l’oral, en seconde. Sans dénigrer les différentes filières, je pense que si je n’avais pas redoublé, je n’aurai pas été dans la filière ES. En conclusion, j'ai pris mon redoublement comme un « tremplin » pour mes études. D'ailleurs, je mes suis beaucoup plus épanoui dans mes études à partir de ma deuxième 3e.

Merci Maxime pour ton témoignage!
Contente de voir que dans ton cas le redoublement à été bénéfique. En effet, même si tu n'as pas forcément eu de meilleures notes lors de ta deuxième année, cela t'a permis d'acquérir plus de confiance en toi.
Cependant, dans les nombreux témoignages que j'ai parcouru lors de mes recherches l'idée qui ressort est "le redoublement ne m'a servi à rien, j'ai perdu une année".
Selon moi, il est nécessaire de se pencher sur les alternatives au redoublement notamment avec des dispositifs permettant de retravailler les compétences non validées ou fragiles.

Bonsoir,

Pour ma part j'ai redoublé ma classe de seconde. À l'époque je travaillais peu et j'avais demandé à passer en première littéraire. Problème : les profs n'étaient pas du même avis, et m'ont proposé une première STG. J'ai dû faire appel pour redoubler quand même parce que je voulais absolument passer en littéraire. Au final, lors de ma deuxième seconde, mes notes n'ont pas été meilleures, mais pires. Mais j'ai quand même pu obtenir l'orientation de mon choix. Ironie du sort ? J'ai finalement su par une de mes prof, quelques années plus tard, qu'ils m'avaient fait passer parce qu'ils savaient que j'allais insister jusqu'au bout pour avoir ce que je voulais... tout en étant persuadés que je finirai par changer d'orientation par manque de capacités ! Résultat, je suis aujourd'hui à la fac en littérature... et tout se passe bien. Le redoublement ne m'a rien appris du point de vue des connaissances, mais il m'a été bénéfique sur le point de vue de la maturité.

On se base souvent sur les notes des élèves pour décider d'un éventuel redoublement, mais le facteur humain est-il pris en compte totalement ?

dans le collège de mes enfants, il a été décidé de ne plus faire redoubler le collège, car ils se sont rendus compte que ces élèves-là avaient souvent du mal au lycée ensuite, et qu'avec un an de retard pris au collège, il était plus compliqué de faire redoubler une seconde (pourtant + bénéfique).
il ressort en tous cas de tout ce que vous dites que recommencer la même année est souvent sans utilité scolaire, mais prendre 1 an de + pour faire sa scolarité peut être une bonne chose... A quand une généralisation de la proposition d'une seconde en 2 ans ? ou une année "sandwich" proposée aux élèves entre collège et lycée (aller voir une filière pro / 1 an dans un établissement très différent / 1 an moitié service social -moitié scolarité/...)?

Le problème de ce que tu proposes Emmanuelle, selon moi, c'est que cela force tout le monde à "redoubler" même si l'idée n'est pas tout à fait la même. Il y a quand même beaucoup d'élèves pour qui ce serait une perte de temps, non ?